De
nos
jours,
les
touristes
qui
fréquentent
ces
lieux
recherchent
plus
les
joies
de
la
balade
ou
du
pique-nique
que
la
connaissance
historique
de
l'
ancienne
Chartreuse
de Prémol. A peine prêtent-ils attention aux quelques ruines.
Il
en
allait
tout
différemment
au
Siècle
des
Romantiques,
le
visiteur
semblant
davantage
intéressé
par
le
charme
de
ses
vieilles
pierres
et
par
son
histoire
tourmentée,
cruellement achevée lors de la Révolution française.
On trouvera dans cette page plusieurs descriptifs de la Chartreuse, parus dans des ouvrages édités au cours du XIX
ème
Siècle.
À noter : les extraits ci-dessous respectent les mots et l’orthographe d’origine de ces ouvrages
Prémol
est
un
ancien
couvent
de
chartreusines,
dont
la
révolution,
cette
grande
destructrice
du
passé,
n'a
laissé
que
de
faibles
ruines.
Ces
ruines
sont
assises
au
milieu
d'un
enfoncement
de
verdure,
parmi
des
pâturages
alpestres,
que
plusieurs
ruisseaux embrassent de leurs flots bruyants, et que couronnent de sombres forêts étagées en amphithéâtre.
Ce
site
est
moins
majestueux,
mais
plus
riant
que
celui
de
la
Grande-Chartreuse.
Il
semble
mieux
accommodé
à
la
nature
du
sexe
faible
qui
peut-être
aurait
supporté
difficilement
un
aspect
habituel
d'horreur
et
de
tristesse.
Là,
du
moins,
on
n'est
pas
isolé
du
monde
par
d'inaccessibles
rochers.
Au
contraire,
la
vue
s'y
étend,
immense
et
variée,
sur
des
collines,
des
vallons
et
des
plaines
cultivées...
Mais
ensuite,
en
reportant
ses
regards
sur
ces
murs
qui
s'écroulent
et
dont
l'écho
ne
redit
plus
les
saints cantiques qui y retentissaient naguère, on se sent l'âme pénétrée d'un vague regret et d'une religieuse mélancolie.
extraits de l'Album du Dauphiné, 1835
Les
ruines
du
monastère
de
Prémol
sont
situées
sur
un
plateau
élevé
dans
les
montagnes,
à
deux
lieues
environ
du
château
d'Uriage
:
les
chemins
qui
y
conduisent
sont
très-raides
et
très-rapides.
On
peut,
pour
y
aller,
suivre
de
préférence
la
route
de
Vizille jusqu'à Vaulnaveys et de là monter à la Chartreuse en cotoyant le torrent qui descend du haut d'Arcelles....
Enfin
au
milieu
d'un
enfoncement
de
verdure
couronné
de
sombres
forêts
étagées
en
amphithéâtre,
l'ancienne
façade
de
la
Chartreuse
apparaît
avec
le
portail
et
les
deux
maisons
qui
forment
les
ailes.
Cette
partie
est
bien
conservée
et
presque
intacte,
grâce
au
soin
qu'on
a
eu
de
l'entretenir,
parce
que
le
bâtiment
qui
est
à
droite
sert
de
logement
au
garde
forestier,
le
seul
habitant
de
cette
contrée
pendant
l'hiver.
En
entrant
par
le
portail,
on
découvre
de
chaque
côté
les
fondations
des
anciens
édifices
dont
il
ne
reste
plus
que
des
murs
s'élevant
à
peine
au-dessus
du
sol
;
on
traverse
une
cour
spacieuse,
mais
couverte
de
gazon
et
l'on
arrive
directement
à
l'autre
extrémité
du
monastère
où
se
trouve
un
autre
portail
qui
servait
d'entrée
du
côté
de la montagne...
L'oeil
ne
peut
embrasser
sans
émotion
tous
ces
bâtiments
en
ruines
qui
n'ont
été
à
l'abri
ni
des
violences
des
hommes,
ni
des
injures
du
temps
;
quelques
pans
de
murailles
encore
debout
et
les
signes
extérieurs
d'une
église
indiquent
le
lieu
où
chaque
jour
la
cloche
réunissait
les
religieuses
pour
adresser
des
prières
au
Tout-Puissant
;
des
murs
à
moitié
détruits,
des
pierres
amoncelées
marquent
aussi
l'étendue
du
monastère
et
la
disposition
intérieure
des
édifices
dont
l'emplacement
est
maintenant
occupé par de modestes jardins décorés de quelques violettes ou de quelques rhododendrons...
extraits de la Revue du Lyonnais, recueil historique et littéraire, tome XII, 1856
La
Chartreuse
de
Prémol
(
Pratum
molle
)
occupe
une
partie
du
vallon,
assise
sur
une
élévation
qui
domine
le
ruisseau.
Des
pans
de
murs
ébréchés,
des
arceaux
et
des
portiques
à
l'état
de
squelette,
une
église
et
des
chapelles
ouvertes
à
tous
les
vents,
de
vastes
corps-de-logis
à
moitié
détruits,
des
colonnes
et
des
chapiteaux
mutilés
:
voilà
dans
quel
état
se
trouve
aujourd'hui cette Chartreuse des dames de Prémol...
Ces
ruines,
noircies,
calcinées,
prouvent
que
le
feu
n'a
pas
été
étranger
à
la
destruction
de
l'édifice.
Des
arbustes,
des
rhododendrons,
des
sapins,
qui
ont
poussé
au
milieu
de
ces
débris,
leur
donnent
cet
aspect
original
tant
admiré
des
artistes.
Bientôt la nature aura caché sous une puissante végétation les traces de la fureur des hommes...
On
trouve
dans
ces
lieux
un
garde
forestier
et
sa
famille
qui
habitent,
à
côté
de
la
grande
porte
d'entrée,
une
partie
des
bâtiments
échappés
à
la
destruction
;
on
y
voit
aussi
des
scieurs
de
long,
des
charbonniers
et
des
bûcherons,
des
bergers
gardant des troupeaux de vaches, de chèvres et de moutons. Nous prîmes une frugale collation chez ce garde...
extraits de A travers le Dauphiné, voyage pittoresque et artistique, 1861
Au
plus
épais
de
la
forêt
d'Uriage
en
Dauphiné,
un
bâtiment
s'élève
parmi
de
vastes
ruines
;
c'est
là
qu'habitent
le
garde-bois
et
sa
famille,
seuls
hôtes
du
désert.
Là
était
autrefois
la
chartreuse
de
Prémol,
une
retraite
que
les
Dauphins
avaient
consacrés
aux fllles de saint Bruno
1
.
1
M.
Honoré
Pallias,
secrétaire
de
la
Société
littéraire
de
Lyon,
nous
a
communiqué
l'extrait
suivant
du
manuscrit
de
Philibert
Brun sur la chartreuse de Prémol :
«
Prémol,
comme
marque
son
nom,
est
une
vaste
prairie
au-dessus
d'une
hauteur
fort
élevée
et
couronnée
de
toutes
parts
de
rochers
par
où
l'on
découvre
les
campagnes
arrosées
par
le
Drac
et
les
environs
de
Grenoble
jusqu'à
Voreppe
et
au-delà.
Il
est
difficile
de
s'imaginer
un
plus
beau
désert,
parce
qu'il
est
extrêmement
retiré
de
tout
commerce,
et
pour
son
étendue,
pour
ses bois, pour ses eaux, mais principalement pour sa vue, qui est admirable. »
Il
ne
reste
plus
de
l'ancienne
chartreuse
que
quelques
pans
de
murs,
une
fenêtre
à
trèfle
sculptée
dans
le
tuf
et
deux
corps
de
logis
dépendants
des
anciens
communs.
Le
sol
du
plateau
où
elle
s'élevait
est
en
grande
partie
marécageux.
A
une
demi-
heure
des
ruines,
il
existe
un
petit
lac
dont
la
partie
centrale
est
occupée
par
une
sorte
d'île
ou
de
prairie
flottante
sur
laquelle
il
ne
faut
se
risquer
qu'avec
précaution,
parce
que
le
pied
s'y
enfonce.
Cette
singularité
a
fait
donner
à
la
localité
tout
entière
le
nom de Prémol.
extraits des Mémoires de l'Académie Impériale de Savoie, seconde série, tome XI, 1869
Album du Dauphiné, édition de 1835
la Revue du Lyonnais, recueil historique et littéraire, tomme XII, édition de 1856
A travers le Dauphiné, voyage pittoresque et artistique, édition de 1861
Mémoires de l’Académie Impériale de Savoie, tome XI, édition de 1869