1941 : Chantier de Jeunesse au marais des Seiglières puis à Boulac
Après
la
débâcle
de
l'armée
française
en
juin
1940,
l'armistice
est
signé
avec
l'Allemagne
le
22
juin
1940.
La
France
est
désormais
scindée
en
2
:
la
zone
occupée
et
la
zone
libre
au
sud
de
la
Loire.
Les
troupes
sont
désarmées
et
l'armée
ne
dispose
plus
que
de
100
000
hommes
dans
la
zone libre.
La
conscription
ayant
été
supprimée,
il
fut
décidé
de
substituer
au
service
militaire
les
Chantiers
de
Jeunesse
le
30
juillet
1940.
Le
général
de
La
Porte
du
Theil
fut
chargé
de
leur
mise
en
oeuvre.
C'est
ainsi
que
les
jeunes
gens
de
20
ans
résidant
en
zone
libre
accomplirent
un
service
de
8
mois,
en
général
en
pleine
nature.
Ils
étaient
logés
dans
des
baraques
au
confort
spartiate.
Leurs
tâches
consistaient
principalement
à
des
travaux
dans
les
champs
et
les
bois
;
ils
participèrent
aussi
à
la
construction
et
à
l'entretien
de
routes.
Quant
à
la
discipline,
elle
était
très
rigoureuse,
et
quasi militaire.
Les
Chantiers
de
Jeunesse
étaient
répartis
en
Groupements
,
eux-mêmes
subdivisés
en
Groupes
,
chaque
groupe
étant
composé
d'une
dizaine
d'
équipes
.
C'est
dans
ce
contexte
que
vit
le
jour
le
Groupement
n°
12
"Belledonne"
dont
la
devise
était
"
A
force
d'honneur
".
Ce
Groupement
était
constitué
de
11
Groupes
dont
le
Groupe
5
créé
au
Marais
des
Seiglières
en
août
1940
puis
implanté
à
Boulac
,
un
lieu-dit
situé
à
1
500
mètres
d'altitude,
en
amont
du
lac
Luitel
et
à
4
km
de
Chamrousse
Roche-
Béranger.
Dénommé
"Vauban"
à
l'origine,
il
fut
rebaptisé
"Sidi
Brahim"
en
1941.
Les
touristes
qui
empruntent
la
route
menant
à
la
Station,
en
passant
par
le
Luitel,
seront
surpris
lorsqu'ils
apprendront
que
le
Groupe
"Sidi
Brahim"
oeuvra
aux
travaux
de
construction
de
cette
voie
du
Luitel
à
Boulac
entre
le printemps 1941 et l'automne 1942.
Ci-dessous,
on
trouvera
un
témoignage
de
Jean
,
un
des
jeunes
de
ce
Groupe
5,
qui
dépeint
sa
rude
vie.
Sa
lettre,
datée
du
vendredi
27
juin
1941
"au
soir",
est
adressée
à
un
ami.
Il
lui
explique
que,
si
les
Seiglières
n'étaient
pas
un
lieu
"joli",
il
a
été
"découragé
à
fond"
lorsqu'il
a
atteint
Boulac.
Sur
les
pentes
de
Chamrousse,
c'est
"le
camp
le
plus
haut,
il
n'y
a
ni
foyer
ni
bistrot".
Jean
ajoute
:
"il
n'y
aura
pas
beaucoup
de
volontaires
pour
venir
ici
et
pourtant
il
doit
en
monter
une
cinquantaine
pour
le
moins
pour faire la route".
Un
autre
éclairage
sur
les
chantiers
de
jeunesse
est
disponible.
Un
ancien
des
Chantiers
de
Jeunesse
-
qui
fut
affecté
au
Luitel
-
raconte
ses
8
mois
passés en 1942.
=> à lire absolument
Cher ami
C’est de Boulac où nous sommes montés hier que je trouve quand même
le temps de t’envoyer deux mots. Tu sais mon vieux Adrien Les Seiglières
ce n’était déjà pas joli mais hier quand j’ai vu Boulac, oh là là j’ai été
découragé à fond. Il est vrai que la fatigue en était pour sa bonne part
dans ce cafard car nous avons marché 4 h avec le barda complet sur le
dos, soit de 30 à 35 km. Enfin ce matin nous nous sommes mis bravement
à l’ouvrage. Nous sommes allés par 4 fois vers la vallée à 8 km d’ici
chercher nos châlits sur notre dos et ce soir nous y coucherons dedans
tandis qu’hier soir nous avons couché sur le plancher avec une seule
couvrante.
Enfin mon cher Nicolas, ne te décourage pas. Demande toujours pour
venir au camp 5. C’est le camp le plus haut, il n’y a ni foyer ni bistrot, mais
à toi ça ne te dérange pas puisque tu ne bois pas. Donc il n’y aura pas
beaucoup de volontaires pour venir ici et pourtant il doit en monter une
cinquantaine pour le moins pour faire la route. Quand tu seras rentré,
écris-moi si tu as le temps. Il n’y a pas besoin de timbres entre camp.
Dans l’attente de te lire et de te voir ici, reçois cher ami une cordiale
poignée de main de ton meilleur copain qui te dit Bon courage.